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AUBIN Georges

Né le 9 juin 1889 à Trentemoult (Loire Atlantique), village de marins situé à proximité de Nantes, sur la rive gauche de la Loire, véritable pépinière de capitaines au long cours, dont beaucoup ont disparu avec leur navire, principalement à l’époque de la voile.
Il embarque le 5 mars 1904 âgé de 14 ans comme mousse à bord d’un long courrier nantais, qui visite, successivement : l’Amérique du Nord, la Chine, le Japon, les Philippines l’Indo-Chine, l’Inde et le l’Australie. Vingt huit mois de campagne... c’est réussi pour un premier voyage ! Mais il est passé novice en cours de route, gagnant la somme fabuleuse de 40 francs, alors que mousse, il n’en gagnait que 20. Du simple au double ! Quel avancement !!!
Il effectue ensuite un voyage des Antilles, en qualité de matelot (76 francs par mois), ce qui lui permet à son retour, et après une année de cours à l’Ecole d’Hydrographie de Nantes d’obtenir son brevet d’élève officier de la Marine Marchande en 1908.
Il embarque comme lieutenant à bord du 3-mâts Nantais, BABIN CHEVAYE sous les ordres du capitaine Lacroix qui devait immortaliser l’époque des grands voiliers dans de remarquables ouvrages couronnés par l’Académie de Marine. Voyage de 15 mois autour du monde : Ostende, Port Talbot, Hobart Town, Iquique, Falmouth, Anvers…
Disposant de quelques mois avant le service militaire, il fait un voyage de Méditerranée Occidentale à bord du vapeur SAINT JEAN de la Sté Navale de l’Ouest, comme matelot.
Service militaire en 1910 en qualité d’élève de la Marine Marchande, sur les cuirassés MASSENA et BRENNUS.
Libéré, il embarque comme lieutenant en décembre 1910 à la compagnie de Navigation d’Orbigny, sur le s/s DEUX SEVRES, capitaine Salaün où il exerce à diverses reprises, les fonctions de second par intérim. Voyage de Méditerranée, Mer Rouge, Mer d’Azov, et du Sénégal.
Les navires de cette Cie ayant été vendus à l’étranger en 1912, il embarque à la Cie des Chargeurs Français, où il occupe les fonctions de lieutenant, puis de second par intérim à bord du s/s MARGUERITE, capitaine J.Delignac.
Il fait alors un voyage des Iles du Salut (Guyane) comme lieutenant à bord du transport LA LOIRE. Il a d’ailleurs l’insigne honneur de voyager en compagnie de Dieudonné, Médige, Dettwiller, et de Boué, tous membres de la célèbre bande à Bonnot de fameuse mémoire et de sinistre réputation à cette heureuse époque.
Reçu capitaine au long cours avec brevet supérieur, en novembre 1913, il fait à nouveau un voyage sur LA LOIRE dans des conditions identiques au premier. Ces voyages comprenaient l’itinéraire suivant : St Nazaire, île de Ré, Alger où l’on embarquait les forçats Nord-Africains, puis île du Salut.
Il embarque à nouveau avec le capitaine Delignac, sur le s/s STE MARGUERITE en qualité de second, il en prend le commandement le 18 juillet de la même année, son capitaine partant en congé et l’ayant recommandé aux armateurs bien que n’ayant pas 25 ans.
La guerre éclate et le S/S STE MARGUERITE est affecté par la Marine Nationale pour le ravitaillement de l’Armée Navale, dont il faut accoster les unités en pleine mer, parfois par gros temps, ou à l’abri des côtes de Morée ou de Crête, le s/s STE MARGUERITE ravitaille le Corps Expéditionnaire d’Orient. Le 26 octobre 1916, combat contre un sous-marin allemand, et l’oblige à s’enfuir. Le 12 février 1917, en sortant de Salamine, il fonce sur un autre sous-marin, il le contraint à plonger et signale le fait immédiatement par T.S.F. aux autorités maritimes qui prennent immédiatement les précautions d’usage. Au cours de la guerre, le capitaine Aubin reçut 2 témoignages de satisfaction, et fut l’objet de 2 citations, une à l’ordre de la Brigade, l’autre à l’ordre de l’Armée. Il est en outre décoré de la Médaille de Serbie pour transport des débris de l’armée serbe, de Durazzo et Vollona à Corfou.
En février 1918, au large du banc de Kerkennah, sur la côte tunisienne, il sauve l’équipage d’un boutre de Sfax en perdition et reçoit du Bey de Tunis, les insignes d’officier du Nicham-Iftikhar.
Fait chevalier de la Légion d’Honneur à titre militaire en janvier 1919.
Le 22 janvier 1919, le s/s STE MARGUERITE fait naufrage au large de Barrow in Furness ; le capitaine Aubin réussit à sauver tout son équipage et à le débarquer indemne à Fleetwood, malgré 48 heures passées dans des embarcations par brume et mer démontée.
Acquitté à l’unanimité par le Tribunal maritime, ses armateurs lui confèrent aussitôt le commandement du s/s MAURITANIE, puis de s/s HOMECOURT affectés aux voyages de la Méditerranée.
En octobrs 1923, il prit le commandement du s/s CAPITAINE JOSEPH PLISSON de 7500 tonnes destiné au grand long cours. En février 1924, par violente tempête il rencontre en pleine nuit le vapeur espagnol LUISA et réussit à le ramener sain et sauf à Oran : un vapeur anglais et un vapeur italien avaient essayé, mais sans succès, de le prendre en remorque.
Appelé en mai 1924 par ses armateurs pour occuper à Paris les fonctions de capitaine d’armement, puis la Cie étant dissoute, il est nommé inspecteur régional des carburants pour onze départements de l’Ouest de la France. Dans ce poste difficile, Aubin sut conserver l’estime sinon 1’amitié de tous ceux avec lesquels il fut en liaison et en particulier de messieurs les préfets qu’il aida toujours au maximum, malgré les menaces dont il fut l’objet à différentes reprises de la part des Allemands.
Il prit le 10 juin 1946 les fonctions de Directeur Maritime de la Basse-Loire qui groupe tous les usagers du port de Nantes, St Nazaire et annexes : armateurs, courtiers consignataires, transitaires, manutentionnaires, remorquages, etc., afin de donner une activité digne de son glorieux passé à Nantes qui figurait autrefois au premier rang parmi les ports français. Cette carrure vivante, complexe, aux activités multiples montre que la formation maritime permet à ceux qu’elle a marqués de son sceau indélébile de s’adapter aisément aux diverses situations auxquelles la destinée les appelle.
Avril 1959, il quitte la direction de I’U.M.B.L., pour occuper les fonctions d’expert maritime auprès des tribunaux et du comité des Assurances Maritimes jusqu’en 1975.
Un marin long courrier qui n’a pas peur des éléments contre lesquels il a durement lutté, regardera bien en face les hommes. Et il pensera, ravivant par la pensée les heures de jadis, que les humains sont bien petits, bien falots dans leurs joies comme dans leurs ambitions et leurs colères, comparés à la beauté des cieux des tropiques et aussi et surtout à la splendide majesté des tempêtes qu’ils affrontaient jadis dans les mers australes, où ne passent plus que les albatros et les malamoks, les grands voiliers étant morts à jamais.
Le capitaine Georges Aubin a également été un auteur remarqué de la littérature maritime, il a notamment publié:
L’empreinte de la voile (Flammarion 1955)Grand Prix littéraire de la Marine Marchande.
Nous les Cap-Horniers (Flammarion )
Dans le vert sillage des Cap-Horniers (Flammarion)
Les hommes en suroît (Flammarion)
En bourlinguant sur les sept Océans (France Empire)
L’amour en Matelote (France Empire 1970)
Officier de la Légion d’Honneur; Croix de Guerre 1914 1918. : 2 citations.

Georges Aubin est décédé à Nantes le 20 janvier 1981.